Économie: Quand ITG montre la voie

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Décoloniser l’économie non pas en tirant sur les étrangers mais en privilégiant seulement le « par nous-mêmes et pour nous-mêmes », à travers le « gaindisme », la co-éducation et la transformation …

Dans la reconstruction du monde en cours, suite à l’épuisement des idéologies et à la poussée de ce que le professeur Souleymane Bachir Diagne appelle L’ETHNO-NATIONALISME ou tribalisme politique pour qualifier LE POPULISME, nous avons l’obligation de développer L’AFROMATIERISME.
L’Afrique du Sud l’a expérimenté, autour de la « théorie d’une justice transitionnelle » qui est UBUNTU, qui signifie FAIRE L’HUMANITÉ ENSEMBLE. Cela a permis à Mandela et Desmond Tutu de montrer au reste du monde que la gouvernance pour « nous-mêmes et par nous-mêmes » existe et porte ses fruits.
Sa promotion passe par l’érection d’écoles sociales, autour d’un symbole fort qu’est le lion, roi de la forêt à préserver comme nous l’exigent les changements climatiques.
Ces écoles sociales devraient trouver leur âme dans un GRAND MOUVEMENT DE JEUNESSE ayant pour idéologie LE GAINDISME.
Ses membres seraient appelés GAINDÉS.
Le GAINDISME devrait développer des valeurs fortes, à savoir la solidarité, le travail, le respect mais aussi et surtout, dès le bas âge, s’approprier L’AFROMATIERISME.
Son but serait d’aider le jeune à forger sa dignité et à construire une personnalité et une AFRIQUE de la GOUVERNANCE TRANSFORMATIONNELLE.
Pour atteindre cet objectif, le GAINDISME investirait les écoles, offrirait une solution aux « parents (pré)occupés par la conjoncture » pour une COEDUCATION de leurs enfants et donne la chance aux jeunes de la rue…
Le GAINDISME serait tout aussi une solution face à la délinquance, à la déperdition des jeunes, à la destruction progressive de la nature et à la raréfaction du travail dans un monde où la domination d’une économie donnée passe avant tout par une stratégie d’accaparement de la société du savoir.
Nous savons que les réflexions des éminents intellectuels africains sont souvent accessibles à la grande masse des analphabètes accoutumés à la consommation extravertie de masse.
Il y a un trop grand décalage entre les intellectuels africains ayant le niveau de leurs collègues occidentaux et les populations non instruites. Ce qu’il nous faut c’est d’impliquer la masse et de miser avant tout sur un niveau moyen d’éducation élevé qui induit indubitablement les ruptures psychosociales. Il n’existe pas d’autre voie que l’éducation. Si on y croit, en une génération, on peut inverser la dynamique de l’ignorance et la dépendance.
Alors, pour véhiculer tous ces nouveaux concepts et aider le grand public à en percevoir le sens, nous avons choisi comme genre l’engagement citoyen…
L’idée est de tout faire pour que notre pensée écrite ne soit guère un exercice juste destiné aux élites peu représentatives de la population générale.
Tant que l’intellectualité d’un peuple n’a pas atteint une masse critique, un seuil « d’excitation « , certaines options de pensée peuvent s’assimiler à de l’intellectualisme solitaire et donc pas populaire.

Dans ce combat pour la décolonisation de l’économie africaine et contre l’accaparement des matières premières par les « hyper-entreprises », L’AFROMATIERISME se dresse tel un douanier à la frontière. C’est une truelle qui, armée de ciment et de béton, voudrait s’imposer et poser les jalons du succès de l’Afrique de la même manière que Marx et son ami Engels l’avaient fait à travers un livre fondateur : l’idéologie allemande. Livre dans lequel, il a été annoncé la liquidation de la conscience antérieure, portant exclusivement sur l’idéalisme hégélien pour innover en proposant matérialisme historique et la dialectique.
Le matérialisme historique s’est heurté à la nature humaine qui fonde les rapports sur la force, l’exploitation, « la PROPRIÉTÉ à l’origine des inégalités » (Rousseau).
Intellectuellement, c’est une belle dialectique mais c’est déjà une conception désuète.
Par le passé, ça a beaucoup fait rêver en Afrique et sur d’autres continents, avant de devenir une illusion si l’on se réfère à la pensée écrite de François Furet. L’illusion a été la révolution d’octobre 1917 et la création des Soviets.
Puis, il y’a eu les dérives et la corruption du système.
72 ans après, le mur de Berlin a entraîné dans sa chute le beau rêve et réveillé dans les esprits « l’utopie » de Saint Simon.
Aujourd’hui, pas à l’opposé du matérialisme historique, L’AFROMATIERISME se voudrait d’abord le prolongement du rêve.
Cette conception constructive se voudrait aussi le couronnement de la longue évolution sociopolitique et économique des sociétés humaines depuis le modèle du maître et de l’esclave, du seigneur et du serf, du bourgeois et de l’ouvrier (temps de Marx) et enfin le grand soir, victoire sur le capitalisme.
L’AFROMATIERISME se voudrait enfin une bouée de sauvetage  » et une nouvelle école de rupture dans la manière d’établir des partenariats avec l’Afrique mère, en attendant le GRAND FUTUR qui est une « AFRIQUE SANS FRONTIÈRE ».
Au delà, du positionnement industriel auquel nous appelons de tous nos voeux et de l’exigence de l’Afrique de transformer ses propres matières premières, L’AFROMATIERISME est une invite à la production de « savoirs utiles » (pas d’idées évanescentes) et d’écoles capables d’entretenir pour longtemps et longtemps les civilisations noires et de saisir toute la complexité de l’évolution des autres civilisations.
C’est, somme toute, le replacement de l’Afrique dans la compétition des « savoirs utiles », là où l’Amérique se repositionne en recrutant les meilleurs universitaires du continent africain là où l’Europe entre dans la décadence.
Tout comme L’AFROMATIERISME, d’autres écoles doivent sous cet angle se créer et se formaliser.
En fait, lorsque je parle de matières premières, il ne s’agit pas seulement des ressources naturelles. Il s’agit surtout des compétences humaines et travaux scientifiques qui s’exportent en dehors des circuits du commerce de services que L’OMC ne comptabilise pas dans le classement des échanges commerciaux.
Aujourd’hui, tout est business; rien n’est donné par philanthropie.
Quand les États-Unis, l’Europe, le Japon et la Chine accordent des dons, ce n’est pas pour nous aider mais c’est pour eux une bonne stratégie de nous acculturer et de les suivre, sans la moindre idée en tête, dans leur logique de domination économique.
L’aide n’est rien d’autre qu’un instrument pour accentuer la dépendance, comme d’ailleurs ces dettes faramineuses qui produisent des intérêts vertigineux. Seule la conquête des sommets du savoir et l’appropriation quasi collective de celui-ci peuvent nous permettre de sortir de notre état, en dessous de tout.
Pour nous-mêmes et par nous-mêmes : c’est une conviction qu’on pourrait emprunter aux Suisses.
Ils n’ont jamais produit un gramme, une seule fève de cacao, ils n’ont jamais colonisé personne et pourtant ce sont les champions de la production de chocolats. Il n’existe pas à proprement parler d’un marché de consommation de ce produit (de luxe alimentaire) chez nous.

Issa Thioro Gueye,
Rufisque le 16 octobre 2022

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