Après le ciment dont on avait promis aux Sénégalais une baisse du prix du sac et par ricochet de la tonne, jusque-là le ciment ne cesse de connaître une hausse vertigineuse. Et pourtant en 2015, lorsque Dangote faisant son entrée au Sénégal, le seul seul élément de langage tournait autour de la promesse d’une baisse. Et ce même Dangote revient au Sénégal pour encore essayer de nous « rouler dans la farine » en posant sur la table 1 milliard de dollars pour exploiter notre phosphate. Il y a de quoi avoir peur pour l’avenir de cette industrie. Un autre coup qui sera lourdement porté par les sénégalais dans les années à venir.
L’annonce d’un investissement d’un milliard de dollars par le milliardaire nigérian Aliko Dangoté peut faire des heureux certes, mais il en fera des malheureux d’ici quelques années si le même scénario du ciment est répété dans l’exploitation du phosphate. En effet, c’est lors d’une audience avec les plus hautes autorités du pays que le milliardaire nigérian Aliko Dangote a annoncé, vendredi 2 février, un investissement de plus d’un milliard de dollars dans l’exploitation du phosphate au Sénégal. Selon l’homme d’affaire, « Nous avons eu des discussions fructueuses avec son excellence, Le Président Macky SALL. Nous avons l’intention d’investir plus d’un milliard de dollars dans notre projet d’exploitation de phosphate dès que nous recevrons notre licence ». D’ailleurs durant cette audience avec le président sénégalais au Palais de la République, le milliardaire a été élevé au grade de Commandeur dans l’Ordre national du Lion, la plus haute distinction accordée par la République du Sénégal à des personnalités civiles et militaires émérites. Une distinction qui donne déjà un blanc-seing pour l’exploitation du phosphate au magnat nigérian et homme le plus riche d’Afrique.
Dangote va-t-il encore nous rouler dans la farine ?
Cette annonce à l’air de plaire de prime abord, mais doit faire peur. C’est ce même Dangote qui avait donné de gages de réduction du prix du ciment en 2015 lorsqu’il arrivait au Sénégal avec l’implantation de sa cimenterie. Certes, le magnat nigérian avait promis de vendre la tonne à 50.000 frs soit 2500 frs le sac de ciment, mais depuis lors la hause vertigineuse ne cesse d’inquiéter le consommateur Sénégalais qui a du mal à réaliser son projet immobilier. Aujourd’hui en 2024, le ciment est vendu 3750 Frs le sac soit 75.000 frs la tonne. Les cimentiers et l’Etat se renvoient toujours la balle. On pointe du doigt les taxes imposées par l’Etat. Tout compte fait, l’alerte doit être donnée quand Dangoté veut investir le secteur des phosphates. Ce minerai qui représente aujourd’hui l’une des plus importantes ressources minières du Sénégal. L’arrivée de Dangoté risque de mettre à terre plusieurs compagnies locales qui ont pignon sur rue, comme Baobab Mining and Chemical Corp, les Industries Chimiques du Sénégal, la Société Sénégalaise des Phosphates de Thiès, la Société Minière de la Vallée du fleuve Sénégal. La force de frappe de Dangoté est redoutable et ne donne aucune chance de survie si le secteur n’est pas régulé. Pour rappel le Sénégal dispose de réserves de phosphate estimées à plus d’un milliard de tonnes, ce qui représente environ 500 ans d’exploitation sur la base d’une production annuelle moyenne de 2 millions de tonnes. Ce minerai sert notamment à la fabrication des engrais, de l’acide phosphorique et des roches phosphatées. L’exploitation minière moderne au Sénégal du phosphate remonte à la période 1940 – 1950 avec l’ouverture de deux grandes mines de phosphate à Taiba et à Lam-Lam dans la région de Thiès. L’exploitation de ces importants gisements de phosphates a contribué au succès de l’économie sénégalaise depuis plusieurs décennies. Va-t-on laisser Dangote couper cette mamelle longtemps nourricière du Sénégal si les règles du jeu ne sont pas respectées. L’avenir nous le dira.
Abibou MBAYE