On retient d’un homme que son legs pour la postérité et qui peut servir. Serigne Babacar MBOW aura laissé un héritage qui sera lourd à porter tant l’homme a consacré toute sa vie à servir. L’ONG du village de NDEEM qu’il a fondée a fini de convaincre sur les potentialités de nos terroirs et la capacité de l’homme à changer son environnement et d’en tirer le maximum d’opportunités. Serigne Babacar MBOW, si attaché à son pays le Sénégal, a demandé à retourner au bercail après des mois de soins en France. C’est à l’aéroport Blaise Diagne, quelques minutes après l’atterrissage de l’avion du retour qu’il a eu un malaise. Son âme s’envola au ciel ! Son corps continua le voyage jusqu’à Mbacké Cadior. L’autre temple, berceau du Mouridisme où il avait la lourde charge de réhabiliter le lieu mythique. Symbole de la première rencontre entre Mame Cheikh Ibrahima FALL et Serigne Touba. Il y repose pour l’éternité.
Il était le fondateur de l’ONG du Village de NDEEM perdu dans le Baol des sentiers battus et des pistes latéritiques. C’était son choix de vie pour rendre la vie meilleure, pour lui, sa famille, sa communauté. Serigne Babacar MBOW avait choisi cette contrée nichée en plein cœur du Baol pour non seulement s’adonner au travail, donner du travail mais surtout offrir toutes les opportunités pour faire face à la pauvreté inhérente à ces zones sans eau, sans électricité sans commodités des années 1990. Idrissa BA, a séjourné à NDEEM Samba. Il se rappelle, jeune ingénieur-agronome, originaire de Bargny, fraichement sorti de l’école, « il a démarré par un champ de manioc avant d’installer l’atelier de couture et teinture qui permettait aux jeunes et femmes des villages de NDEEM et environs de travailler, sans compter l’école communautaire qu’il avait mise en place et les boutiques Mame Samba à l’étranger et plus tard à Dakar et Saint- Louis pour écouler les produits artisanaux issus du village de NDEEM ». Et de reconnaître « il m’a beaucoup inspiré et j’ai modestement travaillé à ses côtés au tout début ». Serigne Babacar MBOW était une incarnation des enseignements de Cheikh Ibrahima FALL, disciple de Cheikh Ahmadou BAMBA, une personnification de toutes les théories Baye Fall(Travail, Culte et Adoration de DIEU). Un intellectuel reconnu qui a préféré la KHIDMA (le travail ) à la bureaucratie. Serigne Babacar MBOW avait très tôt compris que tout développement est d’abord endogène pour avoir permis à des centaines de jeunes de rester dans le village de NDEEM SAMBA où l’homme a permis à la localité de devenir « Un village- Zéro chômeur ». D’autres témoignages d’amis et de proches condisciples ont beaucoup renseigné sur l’homme de NDEEM. Selon Mouhamadou Moustapha Diop, un condisciple « il fut un grand intellectuel, un écrivain et un sincère disciple de Mame Cheikh Ibra Fall. C’est un homme qui a révolutionné beaucoup de choses dans la Mouridiyya notamment au niveau des terroirs. On peut dire que Serigne Babacar Mbow est non seulement un brillant soldat de la cause Baay Faal, mais il est un visionnaire, Ndeem et Mbacké Kajoor en sont les preuves». Il a fait de NDEEM une oasis dans le désert de l’ignorance et de l’inactivité.
Dans le même sillage, Professeur Assane MBOUP dit Mister Blue, initiateur de Télé-école, très affecté par le rappel à Dieu de Serigne Babacar MBOW , « Je viens de perdre un père spirituel. Un grand ami avec qui j’ai fait le tour de l’Europe pour porter la voix de l’Islam par le Zikrul-lâh et la Sainte piété. Il a tellement soulagé des vies. Serigne Babacar MBOW, Un homme de DIEU d’une rare spiritualité. Un intellectuel savant. Un mouride Saaadikh. Un cheikh Baay Fall acteur de développement par la paix du coeur. Il m’a dit dans son lit d’hôpital, avec un grand sourire, qu’il ne voyait désormais que les Sahaba, tels que Hamza et Bilal et que Mame Cheikh Ibra mooy lepp ci barkep Serigne Touba ». Idrissa BA Ingénieur agronome de Bargny de renchérir sur l’homme, « un exemple à suivre. Il n’a pas eu besoin de poste électif, ni de ressources publiques pour impacter une dynamique qui valorise les ressources et le potentiel local, et NDEEM en est une parfaite illustration ». Selon Oumy SAMBOU journaliste, « le Sénégal, l’Afrique et la Oumma ont perdu un illustre homme, un vrai soufi et un vrai développeur. Serigne Babacar MBOW a initié depuis plus de 30 ans, avec son épouse et ses disciples, un projet à caractère social à Ndeem et dans les autres villages du terroir. Il a été accompagné dans cette aventure par son épouse d’origine Suisse, Sokhna Aissa CISSÉ.. Serigne Babacar MBOW avait fini de transformer son village en une vraie zone de développement alternatif et intégré qui est devenu une référence dans le monde entier. J’ai eu le privilège de visiter le village de Ndem et de suivre depuis plusieurs années l’œuvre et le parcours atypique de cet homme discret, sérieux et profondément bon ». Quant à Oumy NDOUR Journaliste, elle ajoutera, « son engagement pour le développement de son pays en commençant par celui de son village , Ndem, dans le Baol m’avait beaucoup impressionné. Avec lui, le Made in Senegal et le consommer local n’étaient pas de simples termes à la mode mais une réalité quotidienne, un sacerdoce qui lui avait permis de mettre Ndeem sur la carte des terroirs investis dans le développement local. Étant très fascinée par le monde des Baye Faal (mon premier documentaire Njaxass, patchwork était consacré à cette branche du Mouridisme), je rêvais de réaliser un film sur ce grand Homme ».
Serigne Babacar MBOW était aussi un écrivain, auteur de plusieurs ouvrages dont : « Cheikh Ibrahima FALL, la Lumière de la Sainte piété », « l’Amour Divin dans le verbe du Prophète » et « L’Aura de la femme dans le verbe divin ». Serigne Babacar MBOW s’est allé, laissant derrière lui un legs inestimable qui sera certainement entretenu par ses enfants, ses disciples, sa communauté qui lui seront éternellement reconnaissants.
Abibou MBAYE