Que dirons nous du TER dans 10 ans…

A quelques heures de son inauguration, les interrogations sur le coût, la pertinence, l’opportunité taraudent les esprits et alimentent les débats des plateaux de télévision, de radio et même dans les réseaux sociaux. En parcourant justement les réseaux sociaux, ce post d’un confrère du quotidien national « Le Soleil » a attiré les attentions. La quintessence de cette interrogation d’El Hadji Ibrahima Thiam nous interpelle tous.

Train Express Régional: Dans dix ans, vous m’en direz des nouvelles ». Qu’ont en commun le Bus Rapid Transit (Brt), le Train express régional (Ter), l’autoroute Ila Touba, l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio ? Au-delà d’être des projets d’infrastructure de transport et autoroutier structurants, ils ont la particularité d’avoir été ou d’être très critiqués par une partie de l’opinion publique au moment de leur lancement. Depuis quelques années, tout projet de l’Etat, d’infrastructure notamment, est décrié. C’est un constat. Et souvent, les questions qui reviennent le plus (en dehors des aspects financiers et des contrats) c’est celles de l’opportunité et de la pertinence d’investir des sommes conséquentes dans tel ou tel projet.

Les critiques sur la pertinence du Ter ne sont pas sans rappeler celles qui avaient accompagné la réalisation de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio. Que n’avait-on pas dit à l’époque ? Que c’était du gâchis ! Que le Sénégal n’avait pas besoin de ce genre de projet ! Que les Sénégalais avaient d’autres préoccupations que de payer pour rouler ! Douze ans après la mise en service du premier tronçon entre Dakar et Pikine et sept ans après l’ouverture du second tronçon entre Pikine et Diamniadio peut-on encore soutenir les mêmes thèses ? Imagine-t-on ce que serait le transport à Dakar si l’autoroute à péage n’existait pas ? Et pourtant on continue de se plaindre des embouteillages monstres !

Les mêmes jugements sévères ont été formulés sur l’autoroute Ila Touba. Certains poussaient la dérision jusqu’à dire que cette route ne serait fréquentée que lors du Magal de Touba. Aujourd’hui qui peut douter de l’importance et de la pertinence de cette infrastructure ? Véritable dorsale, Ila Touba permet un gain de temps considérable pour ceux qui vont à Thiès, Tivaoune, Khombole, Bambey, Diourbel et même Kaolack voire Matam via Dahra et Linguère.

Gageons qu’une fois fonctionnel, le Train express régional aura le même succès et fera taire les sceptiques. Tout comme l’autoroute à péage et Ila Touba et même le Monument de la Renaissance dans une certaine mesure, c’est dans quelques années que nous mesurerons l’impact du Ter et du Brt sur la vie des Sénégalais.

La vérité c’est que la population dakaroise explose, il faut bien diversifier les moyens de transport. Développer les pôles régionaux comme le préconisent certains ne ferait pas mécaniquement inverser le flux de populations vers la capitale. Même si cela devait advenir, cela prendrait trop de temps. On ne soigne pas Dakar de sa macrocéphalie du jour au lendemain. En attendant la thérapie de cheval dont la capitale a besoin, il faut bien soulager la malade. Le Brt, le Ter, sont en réalité des projets d’anticipation. Anticipation sur ce que sera Dakar d’ici dix ou quinze ans.

En effet, selon les projections, la capitale sénégalaise aura 7 millions d’habitants en 2040. Actuellement, elle en compte 3,7 millions, soit 24 % de la population sénégalaise et 50% de la population urbaine du pays sur un territoire qui ne représente que 0,3 % de la superficie nationale.

Par ailleurs, 70 % du parc automobile immatriculé circule à Dakar. Ce parc enregistre une croissance de 10 % par an. Si on y ajoute le fait que le taux de motorisation des ménages est encore relativement faible d’après le Cetud (25 véhicules particuliers pour 1000 personnes, au lieu de 500 pour 1000 dans les pays développés) et que 80 % des déplacements motorisés dans la région de Dakar se réalisent en transports publics, on comprend dès lors qu’une réponse structurelle à la demande de déplacements s’impose à travers un système de transport collectif efficace, sûr et moderne.

Et pour clore le débat, le Président Macky SALL estime que « le choix est simple soit on fait le choix de l’avenir, de la technologie ou alors on reste à la période médiévale ». Et de renchérir « Nous sommes plus de 4 millions à Dakar, dans dix ans nous seront plus de 8 millions dans Dakar sur le même périmètre et dans 25 ans nous seront entre 12 et 15 millions dans la presqu’il du Cap Vert, comment nous allons bouger ». Comme pour mieux argumenter le Chef de l’Etat semble catégorique, « Aujourd’hui on vous dira que c’est cher mais qu’est ce qui n’est pas cher; c’est plus cher encore de ne pas le faire, l’inaction coûte plus chère; Et dans 10 ans, 15 ans il va falloir déguerpir combien de monde, les technologies seront plus chers et on aura plus d’occupation du sol.
Synthèse de Seynabou NDAO

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