Une certaine presse en ligne a titré, ce 30 août 2020, « Des chercheurs prônent le Magal chez soi », suscitant un certain nombre de réactions et de questionnements. Le groupe de chercheurs en question tient à apporter un certain nombre de précisions sur cette publication.
La première est que le document auquel fait référence l’article était principalement destiné aux organisateurs du Magal de Touba pour contribuer, de façon modeste, à les aider dans leur prise de décision portant sur les modalités sanitaires de célébration de cet évènement d’envergure internationale.
Il s’agit ainsi d’un travail de recherche rigoureux, fondé sur des arguments scientifiques et chiffrés, portant sur la prise en compte du contexte particulier de crise sanitaire (COVID-19) dans la commémoration de l’un des plus grands évènements au Sénégal et dans le monde. Le document, qui fait près d’une vingtaine de pages, traite de plusieurs volets relatifs à cette question importante, aussi bien pour la communauté mouride que pour toute la nation sénégalaise : 1. Contexte du Magal 2020 ; 2. Contribution du Khalife et de la communauté mouride dans la lutte contre le Covid-19 ; 3. Symbolique, dimensions et impacts du Magal de Touba (sur les plans religieux, économique, infrastructurel, socioculturel, politique…) ; 4. Problématiques épidémiologiques du Magal ; 5. Magal et mesures de résilience au Covid-19 etc.
Après validation par l’équipe multidisciplinaire (composée d’une dizaine de chercheurs, de spécialités différentes), ledit rapport a été remis en mains propres au Khalife général des mourides en personne, le jeudi 27 aout 2020, ainsi qu’aux autorités en charge de l’organisation du Magal. Serigne Mountakha, dont la haute personnalité morale, religieuse et intellectuelle est connue de tous, a vivement apprécié cette modeste contribution, et félicité les auteurs. Les membres du Comité d’organisation du Magal, à qui le document fut également présenté, ont de même apprécié le caractère à la fois scientifique et noble de la démarche, qui s’inscrit dans une perspective participative, prospective et communautaire.
La deuxième précision est que le rapport traite des deux scénarii qui semblent, aux chercheurs, les plus envisageables sur les modalités de célébration du Magal. Le premier porte sur l’option du « Magal chez soi » (conforme au modèle de célébration d’évènement précédents). Alors que le second scénario envisage l’affluence des fidèles à Touba (selon les modalités de célébration traditionnelles), en proposant des mesures fortes de prévention sanitaires, en termes de sensibilisation au respect des gestes barrières, de protection individuelle des hôtes du Magal etc. Ces mesures d’accompagnement étant divisées en trois catégories : mesures sanitaires/stratégiques, communication/sensibilisation et mesures opérationnelles. L’équipe de recherche, se conformant à la déontologie et aux standards scientifiques en la matière, n’a point manqué, dans chaque scénario, d’en indiquer les arguments ou contre-arguments, les limites ou éventuelles difficultés de mise en œuvre.
Tout ceci, contrairement aux articles délibérément tendancieux, partiels et parcellaires, publiés dans la presse qui, pour l’on ne sait quelle raison, se sont contenté de « copier-coller », avec des titres lapidaires et accrocheurs, des extraits exclusifs du premier scénario, hors contexte, sans juger nécessaire d’y adjoindre les parties pourtant complémentaires.
Le groupe de recherche, en mettant en exergue certains éléments lui semblant importants, ou en émettant un avis sur tel ou tel aspect (conformément à une certaine déontologie scientifique), n’a nullement pour vocation d’imposer un quelconque scénario au détriment d’un autre. Dans la mesure où c’est au Khalife général et aux autorités mourides, en rapport avec les pouvoirs publics, qu’échoit la responsabilité exclusive d’indiquer les modalités de célébration du Magal de Touba. Tel que clairement stipulé dans le rapport : « En définitive, il reviendra aux autorités mourides et aux organisateurs du Magal d’apprécier en toute liberté ces arguments ci-dessus exposés, de les analyser sereinement, pour toute prise de décision souveraine en conformité ou non à ces recommandations. Au cas où ces derniers estimeraient, en dépit desdits arguments, devoir, pour d’autres raisons, convier les fidèles à Touba pour le Magal, l’on pourra envisager le second scénario [dont voici les mesures d’accompagnement]. »
Ce travail de recherche est donc un simple outil d’éclairage scientifique, comportant de nombreuses préconisations sanitaires très utiles pour l’organisation du Magal. Ceci, au-delà même du Magal de Touba dont il aspire même, avec l’engagement de tous, faire « un tournant décisif dans la problématique de gestion de la pandémie du Covid-19 au Sénégal ». Les extraits publiés en ligne ne sont que de sommaires fragments d’un travail scientifique très dense qui a été fourni, pendant plusieurs semaines, par des spécialistes et des chercheurs pour aboutir à un rapport intitulé « MAGAL DE TOUBA 2020 DANS UN CONTEXTE DE COVID-19 : Problématiques et Recommandations » (consultable en intégralité sur ce lien : http://www.majalis.org/download/Magal-Covid19.pdf).
Nous invitons donc tout le monde à attendre les instructions que donnera, au moment opportun, en toute clairvoyance et responsabilité, comme à son habitude, le Khalife général des mourides, sur les modalités de célébration du prochain Magal de Touba.
Quelle que soit la décision qui sera prise, nous prions le Seigneur, par la bénédiction de Cheikh A. Bamba, de donner une longue vie à Serigne Mountakha, pour le bien de l’Islam et pour son action multiforme, et bien connue, pour la nation sénégalaise.
Nous L’implorons également, Lui, le Tout-Puissant, de préserver tous les sénégalais et tous les êtres humains de ce fléau mondial qu’est devenu le Covid-19.
Le Groupe de Recherche
Sous la direction de :
Dr Cheikh Sokhna (Directeur de Recherche à l’IRD – Chef d’équipe à l’IHU à Marseille)
Dr Cheikh Guèye (Géographe et spécialiste de la ville de Touba)
S. Abdoul Aziz Mbacké Majalis (Chercheur sur le Mouridisme)