Le troisième discours solennel de son Excellence Macky SALL en cette période de pandémie sonne comme un aveu d’impuissance face à la progression fulgurante de la maladie à Coronavirus. De zéro décès au 23 mars 2020, le Sénégal a franchi la barre de la centaine de morts dus à la Covid-19 lorsque le Chef de l’Etat, en quarantaine volontaire prononce son discours à la nation pour appeler les Sénégalais à ne pas baisser les bras face à l’ennemi invisible, pernicieux. Avec la levée de l’Etat d’urgence et du couvre-feu à partir de ce 30 juin 2020 à 23heures il est évident que le Coronavirus n’a pas reculé, Macky pour sa part recule, certainement pour mieux sauter !
Dans son adresse à la Nation depuis son domicile à la fenêtre Mermoz, en quarantaine volontaire suite à un contact avec une personne testé positive, Macky SALL se veux clair, net et précis dans le ton et le verbe, « Quand je m’adressais à vous le 23 mars dernier pour proclamer l’état d’urgence, le monde comptait plus de 340 000 personnes affectées par la pandémie COVID-19, dont plus de 15 000 décédées.
Notre pays en était à un total de 79 malades, 8 guéris, zéro décès et 71 patients sous traitement ».
Faisant la situation de la pandémie à travers le monde, Macky Sall de préciser, « à la date d’aujourd’hui, la maladie a atteint plus de 10 100 000 personnes à travers le monde et causé plus de 502 000 décès ».
Et le Sénégal n’est pas en reste dans ce décompte macabre avance t-il, « Notre pays totalise 6698 personnes testées positives, dont 4341 guéries, 108 décédées et 2248 actuellement sous traitement et un malade évacué ».
Dans un air de compassion, le Chef de l’Etat de prier » pour que nos morts reposent en paix et que nos malades recouvrent la santé ».
Les résultats de la lutte contre la pandémie
Saluant par ailleurs le rôle joué par le secteur de la santé, le Président SALL de justifier les résultats jusque-là enregistrés dans la lutte contre la Covid-19, » malgré l’augmentation du nombre de cas positifs, notre système de santé continue de montrer ses capacités de résilience et d’adaptation dans l’accueil et le traitement des malades.
Nos performances dans la riposte anti COVID-19 sont en effet considérables :
A ce jour, le SAMU a reçu plus de 726 000 appels d’alerte.
Nous avons réalisé plus de 78 338 tests. 24 824 contacts ont été suivis par nos services.
Le taux de létalité au Sénégal est de 1,5%, contre une moyenne africaine de 2,5% et de 5,2% au niveau mondial.
Le Sénégal affiche un taux de guérison de 64,8%, contre une moyenne africaine de 48% et mondiale de 50%.
Le triangle de la pandémie circonscrit, Dakar, Thiès et Diourbel
A l’échelle nationale, les statistiques montrent que les principaux foyers de la pandémie sont essentiellement localisés dans les régions de Dakar, Diourbel et Thiès, qui concentrent 92% des cas de contamination.
Le Département de Dakar à lui seul totalise 54% des cas recensés sur l’ensemble du territoire national.
Dans ces trois régions, il convient donc de redoubler de vigilance et d’effort pour arrêter la propagation de la maladie en intensifiant les campagnes de proximité.
En dépit de nos performances dans la riposte sanitaire, je dois cependant rappeler, avec insistance, que la lutte contre la pandémie n’est pas encore finie. La maladie est toujours là et toutes les projections montrent que le virus continuera de circuler durant les mois à venir.
Nos Services de santé et tous les autres acteurs mobilisés dans la riposte anti COVID-19 donnent le meilleur d’eux-mêmes.
Mais en définitive, l’issue de notre lutte contre notre ennemi commun dépendra, en grande partie, de nos propres comportements individuels et collectifs.
Renforcer et respecter les mesures barrières
Il nous faut, par conséquent, redoubler d’efforts dans les attitudes qui empêchent la propagation du virus : se laver fréquemment les mains, respecter la distanciation physique, éviter les rassemblements, non nécessaires, limiter les déplacements et porter correctement le masque.
Il est établi que le port du masque réduit considérablement la circulation du virus ; et je rappelle qu’il est obligatoire dans tous les espaces publics, les lieux de travail, publics et privés, les transports et les commerces.
Dans ce front uni que nous menons contre ce terrible fléau, le port du masque est à la fois une mesure de protection de soi-même et de son prochain ; mais aussi un acte de civisme et un engagement patriotique vis-à-vis de la Nation.
Et le Chef de l’Etat d’appeler » à une mobilisation de toutes et de tous, pour le respect des gestes barrières et le port systématique et correct du masque.
Veillons particulièrement aux personnes âgées et à celles souffrant de certaines pathologies, parce qu’elles sont les plus vulnérables aux formes sévères de la maladie ».
Compassion oui, stigmatisation non !
Le chef de l’Etat a appelé de tous ses voeux les Sénégalais « une fois de plus, à ne pas stigmatiser les malades de la COVID-19.
Un malade mérite compassion, pas la stigmatisation. Stigmatiser un malade, c’est ajouter de la souffrance à la souffrance ; c’est faire offense aux valeurs socio- culturelles et religieuses qui nous enseignent de traiter les autres comme nous voudrions être traités ; et de ne pas faire aux autres ce que nous ne voudrions pas qu’on nous fasse ».
Sombre avenir de l’Economie, de 6,8% à 1,1 % une croissance « infectée »
Les prévisions données par Macky SALL n’augure rien de bon pour l’Economioe Sénégalaise. « En plus d’être une crise sanitaire majeure, la pandémie COVID-19 affecte durement l’économie nationale. D’après les dernières évaluations, notre taux de croissance économique passerait de 6,8% à 1,1%, voire moins.
Plusieurs secteurs de l’économie comme les transports aériens, le tourisme, l’hôtellerie, la restauration, la culture et les loisirs, l’artisanat et le commerce de produits agricoles, sont à l’arrêt, ou au ralenti.
La prochaine étape de la riposte
Face à l’avancée de la maladie, le chef de l’Etat compte mettre le paquet sur la santé avec le renforcement des acquis. Ainsi a t-il annoncé « sur la séquence 2020-2021, l’Etat recrutera 500 médecins et 1000 agents professionnels de la santé, notamment infirmiers et infirmières, sages-femmes, ainsi que des personnels de soutien. S’agissant des médecins, la priorité sera accordée aux districts éloignés et aux spécialistes.
En outre, le Gouvernement mettra en place, sur la période 2020-2024, une ambitieuse stratégie de modernisation du secteur de la santé et de l’action sociale, à travers le Plan d’investissement pour un système de santé et d’action sociale résilient et pérenne, dont une composante dédiée à la télésanté. Ce Plan sera adopté prochainement lors d’un Conseil présidentiel ».
Faire face et faire sauter les verrous
Le constat des dégâts causés par la Covid-19 se passe de commentaire. Et le Chef de l’Etat a préféré desserrer l’étau pour que l’économie vive, « depuis trois mois que nous luttons contre la pandémie de COVID-19, nous en mesurons pleinement les effets, par les êtres chers perdus, nos malades hospitalisés, notre vie sociale et notre économie profondément perturbées.
Malgré toutes ces difficultés, nous devons rester debout, combatifs et compter sur nos propres forces d’abord dans une lutte sur deux fronts : celui de la santé et celui de l’économie.
Voilà le défi qu’il nous faut désormais relever : lutter pour préserver nos vies et notre santé, et reprendre toutes nos activités productives pour remettre pleinement notre économie en marche.
De la même manière que nous ne pouvons pas laisser au virus nos vies et notre santé, nous ne pouvons, non plus, lui laisser la vie et la santé de notre économie.
Ainsi Macky SALL, tenant compte de cette double nécessité vitale de décider « de lever l’état d’urgence et le couvre-feu y afférent à compter de demain, 30 juin 2020 à 23 heures ». Par ailleurs, la fermeture des marchés publics un jour par semaine pour nettoiement reste en vigueur.
En raison du risque élevé de propagation du virus qu’ils présentent, les lieux accueillant des activités de loisirs à huis clos resteront fermés.
Reprises des Vols internationaux …
Selon Macky SALL « la réouverture des frontières aériennes se fera à partir du 15 juillet prochain ; et les vols internationaux reprendront ainsi selon un protocole sanitaire défini.
Les frontières terrestres et maritimes restent fermées jusqu’à nouvel ordre.
Dès à présent, il nous faut aussi anticiper et nous organiser en nous préparant à l’ère post COVID-19. A cet effet, le Gouvernement me soumettra prochainement un Programme de Relance de l’Economie nationale sur lequel il travaille déjà.
Ce Programme reposera sur nos bases productives, dont l’agriculture, qui bénéficie pour la présente campagne de ressources budgétaires exceptionnelles de 60 milliards de FCFA, contre 40 milliards pour la précédente ».
Synthèse de Mamadou NIANG