Désormais les Chinois ne seront plus guidés par l’américain GPS encore moins par l’Européen Galileo. Ils ont lancé leur propre satellite leur permettant de s’affranchir. Avec ce nouveau GPS Chinois, BeiDou, la Chine est désormais maitre de ses propres « routes spatiales ». Le 30e et dernier satellite de la constellation a été mis sur orbite, permettant à l’empire du Milieu de s’affranchir complètement du GPS américain. Enjeux, défis et perspectives de cette nouvelle conquête Chinoise révolutionnaire.
Après Galileo, l’européen, le russe Glonass et l’américain GPS, la Chine entre dans la cour des grands systèmes de navigation satellite avec Beidou. Et c’est avec un dernier lancement réussi depuis le centre de lancement de Xichang, que la Chine peut désormais couvrir le monde entier et s’affranchir des Américains. Déjà en service commercial à l’étranger depuis 2012, la technologie chinoise était d’abord limitée à l’Asie-Pacifique. Avec la finalisation de cette constellation d’une trentaine de satellites, l’ensemble de la planète est désormais couvert. Beidou tire son nom de la constellation de la « Grande Ourse » en mandarin. Tout comme ses concurrents, ses applications sont multiples : guidage de piétons, d’automobiles, de bateaux cargos, de secouristes lors de catastrophes naturelles, envoi de messages. Stratégique, Beidou peut également être utilisés par l’armée afin d’effectuer de la géolocalisation ou du guidage de missiles de très haute précision.
La Chine ne sera plus guidée par le GPS américain
« La finalisation de Beidou-3 est un événement majeur pour la population chinoise mais aussi sans nul doute pour son armée », souligne Carter Palmer, spécialiste des questions spatiales au cabinet américain Forecast International.
En clair : avec sa constellation terminée, la Chine peut se mettre à l’abri d’une éventuelle coupure de GPS décidée par les Etats-Unis en cas d’hypothétique conflit entre les deux puissances. Depuis le lancement du programme dans les années 1990, plus de 100.000 scientifiques, ingénieurs et techniciens ont participé à la conception du système de navigation. Le tout premier satellite Beidou avait été lancé en 2000. Ses services sont aujourd’hui employés en Chine dans les taxis, les bus, les voitures particulières et bien sûr par les smartphones. Plusieurs dizaines de pays comme le Pakistan, la Thaïlande, le Laos ou encore Brunei utilisent par ailleurs déjà officiellement le système, selon les médias d’Etat chinois. « La plupart des smartphones sous Android fonctionnent avec un positionnement multi-mode qui reçoit simultanément les signaux GPS, Beidou, Glonass et Galileo afin d’améliorer la précision du positionnement », souligne également Chen Lan, analyste pour le site GoTaikonauts.com, spécialisé dans le programme spatial chinois. « Il existe par ailleurs un grand nombre d’utilisateurs industriels, notamment des navires et des flottes logistiques en Chine », qui outre le service de positionnement de Beidou utilisent son « système de messagerie », non présent chez ses concurrents, pour « les urgences et le sauvetage », note-t-il.
La Chine opte pour une « Meilleure précision »
Mais le système chinois peut-il vraiment grignoter des parts de marché voire détrôner son rival américain? « De façon générale, Beidou a une meilleure précision que le GPS », souligne Carter Palmer. « Mais sa fiabilité reste à démontrer. « La marge d’erreur du système de navigation au niveau mondial est de 10 mètres en version civile, selon les données officielles communiquées mardi. Une très bonne précision qui lui permet d’espérer gagner des parts de marché face au GPS. « Je ne pense pas que Beidou va supplanter entièrement le GPS », prédit M. Palmer. « J’imagine plutôt une situation où l’utilisateur emploiera plusieurs systèmes, dont Beidou, pour avoir des données de navigation par satellite plus précises. « Selon Jonathan McDowell, le système américain devrait ainsi conserver sa domination « lors des dix voire vingt années à venir ».
L’enjeu financier est important.
Le secteur de la navigation par satellite devrait peser cette année en Chine 400 milliards de yuans (50 milliards d’euros), selon un haut responsable cité par un média officiel.
Beidou n’est pas là pour faire de la figuration: selon le quotidien économique japonais Nikkei, la valeur que pourrait générer cet écosystème en biens et services pourrait atteindre 57 milliards de dollars dès cette année.
Beidou s’appuiera en effet sur la 5G qui est une réalité en Chine et sur un écosystème de 120 partenaires. Quand on sait que le numérique au global pèse 33% du PIB du pays (selon les autorités en 2017), on comprend les ambitions chinoises. Et les autorités promettent un système encore plus précis pour 2035…
Pékin n’entend pas laisser de place à la concurrence: Beidou est imposé aux mobinautes et aux fabricants de smartphones du pays (ce sont en effet les fabricants de terminaux qui choisissent quel système sera utilisé par défaut pour ces besoins), aux services publics, aux fabricants automobiles, aux compagnies de transport aérien et maritime.
« Il existe par ailleurs un grand nombre d’utilisateurs industriels, notamment des navires et des flottes logistiques en Chine », qui outre le service de positionnement de Beidou utilisent son « système de messagerie », non présent chez ses concurrents, pour « les urgences et le sauvetage », commente Chen Lan, analyste pour le site GoTaikonauts.com, spécialisé dans le programme spatial chinois.
Le GPS chinois Beidou finalisé, couvre désormais toute la planète
Ce 30e et ultime satellite de la troisième génération Beidou a été propulsé mardi dans l’espace à 09H43 locales (01H43 GMT) depuis le centre de lancement de Xichang, dans le sud-ouest de la Chine, par une fusée Longue-Marche 3, selon des images de la télévision publique CCTV.
En 2000, la région Chine était couverte puis la zone Asie-Pacifique en 2012, et quasiment toute la surface du globe depuis fin 2018. Avec la finalisation de cette constellation, l’ensemble de la planète est désormais couverte. Les autorités affirment que le système est plus précis que le GPS américain mais sans donner plus d’éléments.
Le lancement de mardi est un « grand événement » qui « permet de rendre la Chine indépendante des systèmes américain et européen », note Jonathan McDowell, astronome au Centre Harvard-Smithsonian pour l’astrophysique, aux Etats-Unis.
120 pays pourraient utiliser Beidou
L’empire du Milieu souhaite également « inciter » ses voisins à utiliser son système dans le cadre de son méga-projet de nouvelle route de la soie. Une trentaine de pays est concernée et déjà, la Thaïlande, le Pakistan, le Laos et Brunei ont donné leur accord à la Chine. Selon Pékin, ce sont 120 pays à terme qui utiliseront Beidou.
Cette volonté d’indépendance technologique vis-à-vis des Etats-Unis, on la retrouve également en Europe mais dans une moindre mesure. Si le Vieux continent n’est pas parvenu à créer des concurrents solides à Google, Facebook ou Amazon (à part quelques réussites comme Spotify), il s’est attaché à mettre sur orbite son propre GPS, le système Galileo aujourd’hui quasiment opérationnel (31 satellites en orbite) et bien plus précis que le GPS américain (de l’ordre du mètre contre une dizaine de mètres)… Il serait utilisé par 1 milliard de terminaux. Mais le projet aura connu de nombreux retards et remises en question, mettant 10 ans de plus que prévu à être bouclé (lancé en 1998, il devait être opérationnel en 2008).
Indépendance technologique
Brique après brique, la Chine construit donc son indépendance technologique, enjeu majeur pour le régime. Il y a bien sûr les services Internet comme Baidu (le Google local) ou Alibaba (commerce en ligne et ses multiples filiales), WeChat (réseaux sociaux) ou encore les télécoms avec un Huawei surpuissant. Autant d’entreprises leaders dans leurs domaines dans le pays.
Toujours dans cette quête de maîtriser de bout en bout accès et services, Pékin a décidé avant les années 2000 de ne plus être dépendant des Etats-Unis et de son GPS en matière de géolocalisation par satellite. Une brique technologique aujourd’hui indispensable dans la plupart des services en ligne. Car le GPS est un système conçu par et pour l’armée des États-Unis et sous son contrôle. Le signal peut ainsi être dégradé à tout moment si le gouvernement des États-Unis le désirait.
« La finalisation de Beidou-3 est un événement majeur pour la population chinoise mais aussi sans nul doute pour son armée », souligne ainsi Carter Palmer, spécialiste des questions spatiales au cabinet américain Forecast International.
La domination américaine en danger?
La Russie a également pris le même chemin en lançant Glonass (26 satellites) qui d’ailleurs devrait établir des ponts avec Beidou avec toujours le même objectif: rogner la domination du GPS américain. Reste que ce dernier dispose encore d’une avance considérable. En 2014, le nombre total de récepteurs GPS était estimé à 3,6 milliards dont 3,08 milliards de smartphones utilisant le système américain. Le système chinois peut-il vraiment grignoter des parts de marché voire détrôner son rival américain? « De façon générale, Beidou a une meilleure précision que le GPS », souligne Carter Palmer. « Mais sa fiabilité reste à démontrer. » – « Je ne pense pas que Beidou va supplanter entièrement le GPS », prédit-il. « J’imagine plutôt une situation où l’utilisateur emploiera plusieurs systèmes, dont Beidou, pour avoir des données de navigation par satellite plus précises. »
Synthèse de Seynabou NDAO