Par Habib MIMRAN
L’image heurte et choque. Elle frise l’indécence. La profession de journalisme en prend un sacré coup. Que retenir de cette nouvelle tendance consistant à immortaliser l’enterrement avec des caméras, photos et tout un arsenal de reportage pour interroger ceux qui sont dans le deuil. De passage aux cimetières musulmans de Yoff pour s’occuper de la tombe fraîche de mes jumeaux « retournés à Dieu » à leur naissance, je ne pouvais m’émouvoir de voir une meute de soi-disant reporters tendre des micros, prenant des réactions suite au rappel à Dieu du parent d’un célèbre lutteur de l’arène Sénégalaise, s’il n’est pas le Roi ? Ceci n’est pas une première. Même les autorités étatiques, au plus haut niveau sont promptes à se faire accompagner par toute une équipe de télévision pour la levée du corps d’un dignitaire peu ou très connu du peuple, après de bons et loyaux services rendus à la République. L’image choquante de la dépouille, enveloppée d’un linceul aux arabesques ou d’un drapeau national, à la Une des journaux ou en ouverture d’un Journal de 20h est devenue familière. Doit-on toujours permettre ce laisser-aller médiatiquement macabre entretenu par une certaine presse parfois People ou à la recherche du « tristement » sensationnel. Dans la foule funèbre, un maire d’une commune est aperçu dans un coin, loin de ce monde médusé, attristé par le deuil, fuyant les caméras et les flashes des photographes d’une presse inqualifiable, j’allais dire une presse « croque-mort » cherchant le scoop dans le deuil qui frappe certaine célébrité. Doit-on « repenser » et « re-panser » voire orienter cette « presse » qui a le culot, l’outrecuidance ou l’irrévérence d’accompagner les morts à leur dernière demeure, s’adonnant au Snapchat, moyen rapide et amusant de partager l’instant présent avec sa famille et ses amis. Seul moyen de défier la mort, jusque dans les cimetières, ou de sécher les larmes des familles éplorées. Décidément rien à rien ne peut arrêter cette nouvelle vague de « journalistes », cette racaille qui a fini d’infiltrer la presse jusque dans sa moelle épinière. Le mal est profond. A toute chose malheur est bon. Moi qui pensais que, le Coronavirus pourrait les arrêter. Ne soyez pas surpris un jour de voir une interview en direct et en exclusivité, dans les réseaux sociaux d’un mort au Covid-19, relatant son agonie, sa mort et son entrée au Paradis escorté par la anges. Ce sera du Méga-Covid-Scoop !