C’était le point le plus attendu lors de cette rencontre. Officiellement la BCEAO ne s’est prononcée qu’à partir d’un communiqué sur son site. Mais les choses deviennent de plus en plus claires avec cette sortie du Directeur National de la BCEAO qui précise devant l’opinion. « C’est une déclaration politique, il faut savoir que tout ce qui touche la monnaie doit obéir à un cadre institutionnel. Dans le cadre de l’Eco, le cadre institutionnel est la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement qui est la seule habilitée à prendre une décision en la matière. Elle se réunit souvent deux fois par an. Il peut y avoir des commentaires d’un chef d’Etat qui peut exprimer un avis, qui exprime une opinion mais l’opinion sur l’Eco, c’est la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO qui peut se réunir et décider si oui ou non on lance l’Eco ». Et pour dissiper certaines inquiétudes la BCEAO de préciser que « Il est évident que 2020 avait été identifiée comme étant la date, on est en 2020, il est évident qu’il fallait le faire sur la base des critères de convergence, il faut attendre d’avoir les données finales sur les comptes macroéconomiques de 2019, donc on va être tous patients pour que ces données sortent qu’on sache quels sont les etats qui respectent les critères de convergence. Et il a été retenu que ces états qui respectent les critères de convergence sur la base d’une décision de la conférence des chefs d’Etats et de gouvernements de la CEDEAO puissent démarrer l’Eco ».
Réforme du CFA, la Spéculation maîtrisée
« Sur la réforme du Francs CFA, à date aucune spéculation n’est sentie, nous sentons des interrogations, nous sentons des besoins de savoir davantage ce qui a été fait ». Ces en ces termes que la BCEAO a relativisé l’actualité qui marque la réforme en cours. Toutefois, la banque a tenu à rappeler quelques repères.
Rappeler d’abord que la Conférence des Chefs d’Etats et de Gouvernement est l’organe politique qui prend des décisions. Ensuite il y a le Conseil des Ministres de l’Union qui les traduit en acte et enfin vous avez la banque Centrale qui les traduit en acte, en procédures et en processus.
A date, poursuit le DN de la Banque centrale, « la Conférence s’est prononcée sur la base d’un mandat qui a été confié au président de la conférence le Dr Alassane Ouattara ».
Pour mieux comprendre cette réforme, le Directeur de la BCEAO renvoie au communiqué de presse que la BCEAO a émis le 23 décembre 2019 et le communiqué du Conseil des Ministre l’UMOA qui s’est tenu le 27 décembre 2019 à Abidjan qui ont donné des éléments de précisions.
Le processus d’Adhésion à l’ECO
Le DN de la Banque Centrale est revenu sur le processus en cours qui doit mener inéluctablement vers l’adhésion des états à l’Eco.Rappelant les communiquées jusque-là faits par la Banque Centrale qui stipulent que « la réforme du franc cfa vise à permettre aux économies de l’Union de se préparer à l’Eco et mettre en place les bases de leur adhésion future au projet de monnaie unique de la CEDEAO. Et pour y arriver les trois décisions ont été prises :
– Le changement du nom Franc CFA à ECO lorsque les pays de l’Umoa intégrerons la nouvelle zone Eco. Lorsque la Conférence des chefs d’Etat aura décidé que l’Eco est lancé, c’est en ce moment que le nom va changer.
– L’arrêt de la centralité des réserves au trésor français a été bien éclairé par Ahamdou Al Aminou LO. Pour lui, « des comptes d’opération et le transfert à la BCEAO des ressources disponibles. C’est un élément central puis qu’il y a eu beaucoup de récriminations le pourquoi de la centralisation au trésor Français. Un choix qui était juste un compte de correspondant mais pour préparer les bases futures de l’adhésion à l’Eco, nous avons décidé donc avec la France de fermer le compte d’opération et de transférer les réserves de change à la Banque Centrale qui va les placer dans ses autres comptes de correspondants à l’étranger sous notre seule gestion ».
– Le retrait de tous les organes Français dans les organes de gestion de l’Umoa, Conseil d’administration commission bancaire et comité de politique monétaire. Là également c’est symbolique. C’était une représentation dans le sens de ce qu’on pourrait appeler un administrateur indépendant. C’est ce qui se passe dans les sociétés, dans les banques vous avez ce qu’on appelle les actionnaires et les administrateurs indépendants, il fallait considérer que c’était des administrateurs indépendants, des membres indépendants qui n’avaient aucun droit de véto et nous étions dans un processus progressif de retrait depuis 1962, à chacune de nos réformes on diminue le nombre, on diminue leurs prérogatives et donc là, il a été décidé finalement qu’ils se retirent définitivement des organes. Tout cela encore une fois pour préparer notre adhésion à l’Eco.
Faire de l’Eco le Fondement du dynamisme de l’Union
Taux de change
Seulement dans le but de faire de l’Eco le fondement du dynamisme de l’Union Economique, il y a des piliers que les chefs d’Etas ont souhaité conserver avec l’accord de la France. Le maintien du taux de change fixe par rapport à l’Euro. L’autorité nationale de la BCEAO s’est voulu claire « tant que c’est nous dans nous, y a pas de raison à aller vers autre chose, nous devons nous préparer à aller vers autre chose, nous restons dans notre parité pour surtout assurer la stabilité monétaire qu’il n’y ait pas des taux d’inflation, parce que des changements brusques ça ne se fait pas. Deuxièmement conserver la garantie de convertibilité illimitée de la monnaie par la France. C’est une assurance. On peut dire même que c’est une réassurance, cette garantie n’a presque jamais été utilisée ».
Rassurer les étrangers sur notre profil de risque
Mais les marchés extérieures rappelez vous, je vous ai parlé du solde courant qui est déficitaire cela veut dire que quand on finit de solder nos transactions, nous avons un déficit courant qui ne peut être financé que par des investissements directs étrangers oubien un endettement extérieur, mais ces étrangers pour venir il leur faut une appréciation positives sur votre risque en terme de viabilité intérieur parce que ce qu’ils vous donnent ce n’est pas du francs, ils vous donnent des euros et des dollars, ils voudraient au moment du remboursement que vous ayez des euros et des dollars pour repartir et le taux d’intérêt qui vous est fixé dépend de l’assurance qu’ils ont sur votre profil de risque. Et quand vous regardez aujourd’hui sur les marchés internationaux de capitaux trois états membres de l’Union on émis des obligations émises en devises étrangères Euros et Dollars, la Cote ‘Ivoire, plusieurs fois, le Sénégal plusieurs fois, le Bénin une fois. En Afrique toute entière les taux d’intérêt de ces obligations sont inférieurs aux taux d’intérêt des autres pays africains sauf le Maroc et l’Afrique du Sud, pourquoi parce qu’il y a une appréciation positive sur le risque que présente la gestion interne et la viabilité externe. Donc nous gardons cette garantie de convertibilité, le temps de mener cette transition vers l’Eco et il est évident que le jour où l’Eco devra démarrer, c’est marqué, c’est sur du marbre ce sera sut un taux de change flexible. Mais tout ceci fera l’objet d’un processus qui devra être suivi de façon orthodoxe sur la base des réalités monétaires et également de façon institutionnelle parce que ce sont des changements qui ne peuvent s’opérer sans modification des lois fondamentales des pays concernés et qui se fera aussi comme ca s’est passé dans d’autres pays qui ont eu à changer de monnaie par un processus progressif d’annonce, de gestion.
En attendant, les décisions qui ont été prises actées le 21 décembre à Abidjan n’affectent en rien l’usage quotidien du Francs CFA, les populations et les entreprises de l’Umoa. Tant qu’il n’y a pas Eco ca s ‘appelle Franc CFA, tant qu’il n’y a pas Eco c’est l’UEMOA avec le dispositif actuel mais nous avons tenu a préparer cette future adhésion à laisser tomber quelques symboles mais à garder le fondement qui permet d’assurer et de rassurer nos partenaires étrangers sur notre profil de risque.
Synthèse de Seynabou NDAO