NOURRIR LE SÉNÉGAL: LA SAED ACCROÎT SON FINANCEMENT
Parmi les dix sept orientations et décisions du Programme d’investissements prioritaires (PIP) régional (triennal 2023-2025), le Chef de l’État a retenu l’amplification et l’extension des aménagements agricoles de la SAED. Avec cette extension de son champ d’intervention, la Société est à la recherche d’un financement de plus de 200 milliards FCFA pour l’autosuffisance alimentaire au Sénégal.
Dans le cadre de la mise en œuvre de la vision du Président de la République exprimée à travers le Plan Sénégal Émergent(PSE), l’Etat du Sénégal s’est fixé, entre autres objectifs, d’arriver à une totale satisfaction de la demande nationale en riz. « Cet objectif stratégique est pris en charge à travers le Programme National d’Autosuffisance en Riz (PNAR), composante essentiellement du Programme d’Accélération de la Cadence de l’Agriculture Sénégalaise (PRACAS) », selon Aboubacry SOW, Directeur Général de la SAED.
La Vallée du fleuve Sénégal occupe une place de choix avec un potentiel de 240 000 ha de superficies irrigables dont 121 000 ha de terres sont aujourd’hui aménagés. A cela s’ajoute l’existence d’un réseau hydrographique dense, une population active importante et des organisations de producteurs bien structurées. Du point de vue de la mise en valeur des terres, on constate la prédominance de la riziculture soutenue par une politique d’appui de l’Etat en équipements et intrants agricoles. On note aussi la présence de cultures horticoles à haute valeur ajoutée. Ainsi 39 042 ha sont aménagés dont 15 422 ha de nouveaux aménagements et 23 610 ha de superficies réhabilitées, réfectionnées ou entretenues.
La mise en valeur génère 100 Milliards de francs CFA
D’après M. SOW , la production rizicole est passée de 330 000 tonnes de paddy en 2012 à 450 000 tonnes de paddy en 2022, soit une augmentation de 100 000 tonnes malgré les difficultés liées aux changements climatiques. Sur la même période, la production de l’oignon est passée de 119 000 tonnes à 225 000 tonnes soit un accroissement de 90% de la production ce qui représente 70% des besoins au niveau national. Le chiffre d’affaires moyen généré par ces productions agricoles dépasse les 100 milliards FCFA par an. Le Directeur Général de la SAED indique, que la mise en œuvre de ce programme a généré sur cette période plus de 500 000 emplois permanents et temporaires répartis entre les études et le contrôle de travaux, les travaux d’aménagement et les activités de production et de transformation. « L’analyse des potentialités hydro-agricoles de la Vallée montre la possibilité pour le pays d’atteindre l’objectif d’autonomie alimentaire si celles-ci sont valorisées de manière optimale et durable. L’atteinte de cet objectif passe nécessairement par l’exploitation du potentiel de terre irrigable », affirme M. SOW. Il ajoute que cela passera nécessairement par la révision des modèles d’intervention de la SAED, en l’adaptant au mieux aux nouveaux enjeux et défis à l’échelle locale, nationale et internationale.
Le dilatoire du secteur privé.
Après une trentaine d’années, les hypothèses qui sont à la base de la politique de désengagement de l’Etat et de la libéralisation ne sont pas vérifiées. En effet, explique le Directeur Général de la SAED, le vide laissé par le retrait de la SAED et de l’Etat n’a pas été occupé par le secteur privé et le marché. Elle a plutôt provoqué des distorsions amenant l’Etat central à réintervenir de manière ponctuelle et ad hoc sans remettre en cause le modèle fondé sur le désengagement de l’Etat. Selon Aboubacry SOW, la nécessité d’un ré-engagement de l’Etat passe par le repositionnement de la SAED sur l’écosystème pour assurer un rôle de planificateur, de régulateur et d’appui-conseil conforme aux objectifs stratégiques de souveraineté. Par ailleurs, un des objectifs majeurs pour l’accroissement des superficies aménagées est l’accès des investisseurs privés, entrepreneurs locaux et entreprises familiales au foncier dans des conditions négociées avec les acteurs des territoires et dans la préservation de l’équilibre et la paix sociale.
Un volume des investissements en hausse.
Les investissements en cours dans la Vallée du fleuve Sénégal totalisent un financement disponible à travers les bailleurs de fonds d’un montant de 136 Milliards FCFA d’ici 2027. « Cette enveloppe permettra d’aménager 19 856 ha dont 4873 ha de nouveaux aménagements en maîtrise totale d’eau et 14 983 ha de réhabilitation ; de réaliser 115 km de pistes de production et 3 ponts pour désenclaver les zones de productions mais aussi renforcer le parc de matériel agricole, les équipements et infrastructures de stockage », a indiqué le Directeur Général de la SAED.
Parallèlement à ces projets et programmes en cours, les requêtes de financement de la SAED soumises aux bailleurs sont estimées à plus de 200 milliards FCFA et concernent la création de nouveaux aménagements et les réhabilitations, la solarisation des stations de pompage et la réalisation d’infrastructures structurantes comme (branche A Delta, pistes et adducteurs…)
Synthèse de Lansana Lasse DIANDY