C’est une énième demande de l’ACSIF adressée aux autorités bancaires Sénégalaises. Le report des échéances bancaires dans ce contexte de Covid-19. Mais c’est la sourde oreille partout. Tant du côté de l’Etat, des banques à travers l’APBEFS et la BCEAO qui devait jouer le rôle de régulateur. Trois mastodontes contre le pauvre usager de banque qui tire le diable « bancaire » par la queue par ces temps durs marqués par la pandémie du Coronavirus.
La lettre datée du 1er juin 2020 a une triple ampliations. Le Ministre du Budget et des Finances, le Directeur national de la BCEAO et le Président de l’APBEF. Amadou HOTT, Ahmadou Al Aminoune LO et Mamadou Bocar SY, tous les trois interpellés sont aux bancs des accusés. Et au-delà d’eux, leurs autorités, Le Président de la République, le gouverneur de la BCEAO.
La lettre ouverte signée par le Président de l’Association des Clients et Sociétaires dans les Institutions Financières (ACSIF) a juré de mener la combat jusqu’à obtenir gain de cause pour dit-il « obtenir le report des échéances de crédit durant la pandémie de la covid-19 ». Pour Famara Ibrahima CISSÉ, le contexte l’exige, « en ces dures périodes de crise sanitaire marquée par le ralentissement et l’arrêt des activités dans plusieurs domaines privés comme publics »
Trois mois de report d’échéance demandés !
D’après la lettre qui nous est parvenue, « l’ACSIF avait sollicité vivement un report des échéances de crédit de trois (03) mois renouvelables via une lettre ouverte en date du 20 mars 2020 pour permettre aux personnes physiques et morales de faire face efficacement à la pandémie de la Covid-19 ». Une demande qui semble tomber dans l’oreille d’un sourd car ni l’Etat, ni la Banque Centrale encore moins les banques n’ont donné une suite favorable à cette requête.
Le Manque de volonté manifeste de l’Etat, de la BCEAO et des Banques
Toujours dans le sillage de la dénonciation, Famara Ibrahima CISSÉ de rappeler les vaines tentatives engagées avec des lettres adressées aux autorités étatiques et bancaires Sénégalaises. Selon lui « d’abord l’État du Sénégal via un communiqué en date du 15 avril 2020 avait donné instruction aux ministres en charge des secteurs d’engager des réflexions avec la BCEAO pour donner corps au report des échéances de crédit aux différents agents économiques sur une période à convenir »- Ensuite poursuit-il « la BCEAO via un communiqué en date du 17 avril 2020 avait à son tour sollicité le report des échéances de crédit au secteur privé sans charge d’intérêt, ni pénalité, ni frais ». Et enfin a t-il conclut, « l’APBEF dit mettre en place un dispositif d’éligibilité de report et d’accompagnement des personnes physiques et morales « impactées » par la Covid-19 ».
La question fondamentale que tout le monde se pose au vu des pompeuses déclarations de part et d’autre est : qu’en est-il de tout cela après deux pénibles mois de Covid-19 ? Les personnes physiques et morales « impactées » ont-elles réellement bénéficié du report ? Les mesures ont-elles été respectées par les banques ? La réponse des travailleurs à ces questions est tout simplement NON !
L’impuissance des usagers face aux banques
L’ACSIF a très tôt alerté, et n’a pas cherché longtemps la faille. Pour elle, « le refus de l’APBEF d’un quelconque report est fondé sur le cérémonial mis en place par les banques de second rang pour contourner voire empêcher tout report sans charge d’intérêt, ni frais, ni pénalité en proposant pour certains un différé sous forme de prêt racheté, de prêt spécial ou de découvert ».
En définitive, se désole l’ACSIF « toutes les sollicitations faites pour le report des échéances pendant cette période de crise ont été soldées par un refus déguisé ». Tout en fustigeant cette attitude bancaire, l’ACSIF dénonce le fait que «les banques dépensent beaucoup d’argent pour sensibiliser à la bancarisation sans grand effet tout en oubliant que le vrai problème se situe à leur niveau et de par leurs pratiques. De ces faits, certaines banques accuseraient, même à tort, ceux qui dénoncent ces pratiques de torpiller la politique de relèvement du taux de bancarisation au Sénégal tout en omettant que les vrais saboteurs de la bancarisation sont ceux qui refusent d’apaiser le climat de méfiance et de frustration qui habitent les usagers.
A la recherche d’une autre alternative contre les banques
Face au refus des banques d’octroyer des reports d’échéances, l’ACSIF semble les inviter « à revoir votre stratégie en cultivant et pérennisant des relations saines avec les usagers pour inciter les potentiels usagers à s’engager non pas par une loi de bancarisation générale comme ce fut le cas en 2002, mais plutôt par un engagement volontaire ». Et de poursuivre dans sa conviction « les populations se bancarisent malgré elles et cherchent désespérément une alternative crédible ». Cela semble s’expliquer dans la lettre ouverte par « la forte mobilité des clients entre les banques en ces périodes car les usagers ne trouvent satisfaction dans aucune de vos banques à cause de vos pratiques peu orthodoxes. Cela a l’air d’un mariage de contre nature dans lequel l’une des parties cherche à se sauver dès que l’occasion se présente tout en sachant qu’elle n’aime pas et qu’elle n’est pas aimée ».
Un véritable énième cri du cœur que l’ACSIF lance pour sauver les clients et usagers de la spirale bancaire dans laquelle ils sont CONFINÉS.
Synthèse de Mor Talla DIOP