Plan de relance économique post-covid19 !

Mes chers amis,

Je vais partager avec vous à travers ce texte ma  troisième résolution concernant la crise qui secoue le monde.

En le faisant, je réponds à la  question de mon collègue et ami l’économiste chercheur Ndongo Diagne.

Pour le faire,

Il faut partir de deux constats:

Le premier est qu’avant le cataclysme sanitaire, la situation économique mondiale était fragile (guerre commerciale, recul du commerce international et surtout endettement élevé des pays avancés et des grands pays émergents, etc). La liquidité produite par les banques centrales depuis la crise financière de 2008 a eu deux effets à savoir l’augmentation de la dette permise par des taux d’intérêts bas et même, plus récemment, négatifs et la valorisation excessive des bourses en particulier aux Etats-Unis.

Le second constat est que la crise que nous vivons après un arrêt brutal inédit des économies de la quasi-totalité des pays et une paralysie totale de plusieurs secteurs locomotives se traduit par l’adoption des mêmes outils de relance: Face à l’effondrement de l’offre et de la demande en même temps.

Il n’y a pas d’autre alternative que le recours massif au Budget couplé à une politique monétaire accommodante avec des nuances pour tenir compte de la nature du système productif et du contexte socio-économique de chaque pays.

Au Sénégal, l’établissement d’un plan de relance est une gageure pour une double raison. D’une part, la nécessité d’avoir des études d’impact macro-économique et sectorielles en continu pour pouvoir adapter les mesures de soutien et, d’autre part, la prise en compte de la situation économique de nos principaux partenaires.

La baisse des exportations à fin avril   et des importations reflète le degré de notre intégration à l’économie mondiale et les contraintes exogènes qui en découlent. Les tendances observées sont pleines d’incertitudes liées, notamment, à la rupture brutale du commerce international avec un retour au patriotisme économique qui va modifier la doctrine par rapport aux chaînes de valeurs et porter atteinte aux règles commerciales tarifaires et non tarifaires

     Le Sénégal ne peut aspirer à une relance post-COVID que si elle emprunte un vrai chemin de rupture, en mettant en place des réformes de rupture capables de révolutionner nos manières de faire et de penser.

Il y a 4 enseignements fondamentaux à tirer de la crise déclenchée par la COVID-19 .

D’abord, la COVID nous a clairement montré que l’Etat doit retrouver son rôle de stratège et de régulateur. Nous avons besoin d’un Etat fort qui décide, qui assume ses responsabilités économiques et sociales et qui fait appliquer la loi.

Ensuite, la pandémie nous a aussi montré que les pays qui ont fortement utilisé la technologie sont les pays qui s’en sortent le mieux. La digitalisation doit ainsi, être le principal levier de tout plan de relance.

Troisièmement, le COVID nous a enseigné qu’au-delà de leur responsabilité de maîtriser l’inflation, la banques centrales a des responsabilités centrales, à l’instar de celle d’assurer la liquidité des pays en temps de crise. Et là, pour le cas Sénégalais, il faut savoir que l’essentiel de la liquidité injectée par la BCEAO est récupérée par le marché informel, d’où l’importance de prévoir les mécanismes à même de ramener ce marché vers les circuits organisés en créant des canaux de confiance entre le citoyen et l’administration et en améliorant l’inclusion financière.

Quatrièmement, la COVID nous a montré qu’il faut revenir vers l’essentiel en développant les secteurs vitaux qui sont de nature à favoriser le développement et la croissance, tout en améliorant le bien-être social à l’instar de ceux de l’énergie, l’agriculture, la santé, l’éducation …cela doit se faire selon des approches innovantes et modernes.

Tout plan de relance doit passer inévitablement par la mise en place d’un plan d’ajustement structurel visant à résoudre les déficits budgétaire et extérieur du pays, à travers des mesures audacieuses qui pourraient coûter à certains leurs postes, mais qui remettront le pays sur les rails ”

Pour les banques commerciales, elles oeuvreront également, à améliorer leurs stratégies de financement des PME, mais il faut savoir que si les PME sont aujourd’hui mal financées c’est parce qu’elles sont mal accompagnées et qu’elles sont incapables de mettre en place la gouvernance qui leur assurera une certaine viabilité. Pour cela, l’Etat doit prévoir l’accompagnement nécessaire aux PME en favorisant le développement d’un écosystème privé capable d’assurer cette tâche.

Les plans d’action prévus par les banques, doivent prévoir également la mise en place d’une stratégie de financement des startups à travers le développement de produits financiers innovants se basant sur les garanties immatérielles. Les banques travailleront par ailleurs à consolider leurs plans de soutien aux PME qui seront les principaux vecteurs de développement du pays.

Elles doivent faire également, face au défi de repenser leurs tailles de manière à faire émerger des géants nationaux capables d’accompagner les entreprises nationales sur les marchés extérieurs.

Quant à « la population », il faut rappeler que le citoyen est producteur et consommateur. Il est devenu également « Consom’acteur » puisqu’il est connecté et donc s’exprime, recoupe les informations et formule des opinions. Sa participation au succès d’un plan de relance dépendra de son ressenti par rapport aux mesures de relance.

Un paramètre important est celui des anticipations qui dépendent des effets des premières mesures et qu’il faut ancrer par des caps clairs pour construire un climat de confiance.

Par Mor Sène  Economiste-chercheur

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