Dans ce contexte marqué par l’avènement de la Covid-19, l’ACSIF avait très tôt alerté et sollicité des autorités Etatiques le report des échéances de crédit permettant aux usagers des institutions financières de faire face efficacement à la maladie. Cependant, devant cette vive demande humanitaire, les autorités Etatiques avaient à travers un communiqué du 15 avril 2020 accédé à la demande de l’ACSIF. Or, pour nous, nous ne savons pas par quelle raison, elles ont reculé sur leur position en affirmant sans gêne que seul le privé « impacté » devait bénéficier des mesures de report des échéances de crédit de trois mois renouvelables. C’est ainsi qu’à travers des lettres, l’ACSIF a saisi les différents acteurs étatiques en charge du dossier pour dénoncer cette discrimination et, preuve à l’appui, démontrer que les salariés fonctionnaires, décisionnaires comme contractuels du privé comme du public étaient bel et bien impactés directement ou indirectement.
Ce faisant, les autorités bancaires comme à l’accoutumé voyaient à travers cette crise sanitaire un moyen efficace de se procurer de l’argent face à la détresse des populations et au grand dam des usagers. Ce fut pour elles, une grande opportunité d’affaire pour davantage dépouiller les travailleurs en une telle période de crise comme elles l’ont toujours fait avec les peuples en période de guerre, de sinistre de catastrophe et j’en passe.
Les banques, pas philanthropes
Pour rappel, les moments de crise dans le monde sont les plus prisés par le système bancaire pour exploiter les peuples et les Etats. Cela n’est un secret pour personne. Autrement dit, il relève du secret de polichinelle qu’une banque profite du malheur des peuples pour se faire de l’argent. C’est ainsi que la crise sanitaire le démontre à aisance par le refus catégorique des banques Sénégalaises d’accéder à la demande de report d’échéances des usagers. En le faisant, elles s’attendent avec l’effet de causalité de l’impact de la maladie à un endettement et à un surendettement tout azimuts des clients par le découvert, le prêt spécial, la rallonge, le rachat, le défaut de paiement etc. Ainsi, la question fondamentale qui se pose et s’impose avec beaucoup d’acuité et dont la réponse coule de source est: A qui profite réellement les crises ? Ne sont-elles pas derrière, à y regarder de plus très ?
Permettez-nous de marquer un temps d’arrêt sur le découvert pour mieux expliciter l’arnaque et l’abus. Pour tous ceux qui n’ont jamais pris de découvert, cette période les y oblige du fait de l’impact indirect.
Qu’est – ce que le découvert ?
Le découvert bancaire est une avance sur salaire, un acompte. L’idée est tirée de l’entreprise d’autant dans laquelle l’employé percevait à l’entreprise via le comptable. C’est alors qu’en cas de besoin de liquidité à mi- mois, le travailleur se rapprochait de son comptable qui lui faisait une avance sur son salaire du mois prochain. Une facilité que les chefs d’entreprises mettaient à la disposition de leurs employés pour leur permettre de bénéficier de trésorerie pour faire face à leurs besoins ponctuels du moment. Ce montant était défalqué automatiquement sur le salaire de la fin du mois prochain sans intérêt, ni commission. Cette pratique ô combien noble a été reconduit par les banques avec des objectifs mercantilistes dans le seul but de maintenir le travailleur dans un cercle vicieux d’endettement et de surendettement. En effet, le banquier vous octroie le découvert dans le seul but de fructifier son capital et de celui de ses actionnaires par l’exploitation et l’appauvrissement des clients travailleurs. Et ceci peut être démontré à suffisance par les conditions d’octroi du découvert au Sénégal.
Le découvert bancaire, une dépendance appauvrissante!
En effet, le découvert peut être positionné dans le compte du client sur la seule volonté de la banque ou sur la demande du client. Ainsi, commençons par le positionnement du découvert sur la seule volonté de la banque sans l’assentiment du client, sans avis et de manière subreptice. Il arrive qu’un client voit dans son compte une somme d’argent dépassant légèrement ses avoirs qu’il n’arrive pas à trouver l’explication. Or, il lui suffit d’y toucher un centime pour que ce montant soit considéré comme découvert accepté. Ce qui autorise le banquier à lui prélever des commissions sans qu’il ne le sache durant de bonnes années. L’autre cas de figures repose sur le fait que le banquier reçoive une demande de découvert du client. Le découvert lui est positionné sans parfois aucune précision de la nature du découvert : automatique, permanent ou ponctuel. Cependant, le client demandeur qui pense que le découvert lui est accordé pour le dépanner le mois en cours se voit permanent positionner le découvert sur son compte. A cela, qu’il s’en serve ou pas, le banquier prélève ses commissions à la fin de chaque mois. Le seul souci de la banque est de lui prélever des commissions sur découvert permanemment sans son consentement. Le seul tort du client a été son ignorance en ne sachant pas ou en ne demandant pas toutes les informations qui, nous précisons ne sont pas tout le temps accessibles. Les effets corrosifs d’une telle demande sont méconnus par les usagers. C’est ainsi que des milliers de clients sont pris pendant des années dans cet engrenage financier qui les glissent aisément dans un état de surendettement et de dépendance inouïe.
Par ce fait et par le fait que le taux du découvert dépasse 50% dans beaucoup de banques, le client est condamné à s’enliser dans un carnage financier qui le rend esclave de la banque toute sa vie durant. En somme, par le découvert et sa forme, les banques prennent de l’argent injustement à de braves citoyens travailleurs qui sont dans des difficultés ponctuelles qu’elles auraient dues accompagner sans leur soutirer de l’argent de par leur mission de service public. Cette forme aigue d’arnaque érigée en règlement et adopter par l’ensemble des banques du Sénégal plonge les usagers dans une détresse financière dans laquelle, ils risquent de ne jamais sortir. Donc, le découvert, de la manière dont il est pratiqué dans notre pays ne permet pas aux usagers de sortir de l’ornière mais les y enfonce en les plaçant toujours encore dans des difficultés financières car le découvert étalé sur des longueurs d’années à un taux de plus de 50% devient un crédit revolving qui ne dit pas son nom et remplace le prêt avec injustement un taux d’intérêt effectifs global dépassant le plafond fixé par la BCEAO de 15 % à plus de 50% parfois. Une violation flagrante et intelligente de la réglementation dans l’impunité totale.
A ce rythme, nous sommes arrivés aux résultats que vous observez au quotidien : surendettement, pauvreté, frustration, faiblesse du taux de bancarisation, thésaurisation, absence de confiance et de transparence etc.
Cet état de faits ne peut être renversé que par un peuple dégourdi, conscient des enjeux de ce monde et prêt au sacrifice pour sauver les futures générations des prédateurs financiers qui ont par devers eux l’ignoble projet de les ruiner pendant encore des générations.
Ce qui fait dire à Henri Ford que « Si les gens de la nation comprenait notre système bancaire, je pense qu’il y aurait une révolution avant demain matin ».
Par Famara Ibrahima CISSÉ Président de l’Association des clients et sociétaires des institutions financières (Acsif)